Une discussion animée par Jean-Luc Chassais, architecte, avec pour intervenants :
« L'espace public représente dans les sociétés humaines, en particulier urbaines, l'ensemble des espaces de passage et de rassemblement qui sont à l'usage de tous. Ils appartiennent soit à l'État, soit à une entité juridique et morale de droit ou, exceptionnellement, au domaine privé ».
L’espace, ce dont on a manqué. Sociabilité urbaine, rencontre avec l’autre, loisir, mobilité : Une introversion dite nécessaire et quelques fois positive. Un recentrement sur logement qui joue à la fois le rôle de « caverne » et de « refuge ». Polyvalence, espace intergénérationnel et partagé, évolution des usages. Autant de sujets au centre de la table.
L’espace public, quant à lui, ne doit pas faire tirer de conclusions hâtives. « On navigue à vue », comme indique David Enon, architecte, urbaniste et directeur de projets à l’agence TVK. Selon lui, la crise actuelle est comme « une grande répétition générale ». Elle amplifie les tendances, révèle des idées, pousse à agir.
« On ne surdétermine pas », on laisse la place à la réinterrogation dans le futur en prenant en compte le double enjeu, à la fois sanitaire et écologique.
S'arrêter, attendre quelqu'un, se reposer, manger, discuter, jouer, se délasser... "L'une des qualités majeures d'un espace public réside dans sa capacité à accueillir des flux de personnes, mais aussi des moments de séjour plus statique. Séjourner dans l'espace public, c'est pouvoir y trouver sa place, qui que l'on soit et quelle que soit sa situation : en correspondance, au cours d'un trajet, en pause au cours de la journée, ou à proximité de chez soi" - Places du grand Paris, p.61.
Pour donner de l'agilité à l'urbain, Pierre-Alain Trévelo mise sur « la déspécialisation des espaces. Le sol de la ville est vaste mais très segmenté. Il faut le partager, non plus au sens de ''chacun son espace'' mais de la cohabitation de tous les usages. »
Comme indiqué dans l'ouvrage "Places du grand Paris", dans sa pratique quotidienne des espaces publics, le piéton cherche à minimiser la distance donc l'effort. Offrir un large spectre de parcours possibles et de diagonales multiples, c'est éviter l'inadaptation des espaces et leur dégradation anticipée.
Urbaniste à l'Institut Paris Région, Paul Lecroart plaide aussi pour la fluidification des parcours de marche en repensant, par exemple, le réglage des feux de signalisation. Il estime aussi que « l'espace peut être davantage mutualisé » et cite le cas d'une école allemande « où la cour de récréation s'établit sur une rue piétonne ».
« Depuis le début du XIXe siècle, la place attribuée au végétal dans l’espace urbain ne fait que se transformer : d’une nature artificialisée et esthétisée, elle a évolué vers une nature plus sauvage, à forte visée écologique et multifonctionnelle. L’espace public gagnerait à redevenir un milieu naturel et habité de multiples espèces. Favorisons l’installation et le développement de leurs habitats en plantant des végétaux bien sûr, mais en anticipant aussi le temps et les processus nécessaires aux différents composants du milieu pour se stabiliser et vivre en symbiose » - Places du grand Paris.
Sources :
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